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 just to make my parents proud (jemma)

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Polly Brown
Polly Brown
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MessageSujet: just to make my parents proud (jemma)   just to make my parents proud (jemma) EmptyLun 7 Nov - 23:00



just to make my parents proud
Just a box of bones Lowered and marked with a stone In the north at the mountains feet, In the north to find some peace. Sing and dance like we were young, Scream all the joy in your lungs oh Half with a heavy heart But not with shocked feet. Oh passion, and oh passion. I must make more friends, They'll be hanging at my funeral Just to make my parents proud, Just to make my parents smile. Skin under crippled skies Tell the stories of most of our lives, We go alone but the past holds us here, We go alone but the past holds us here. Let's sing and dance and talk Of all the dumb things I was before, Half with a heavy heart Half to relieve my fault. ~ funeral, to kill a king.


Oliver était parti chasser. Du moins, c'était ce qu'il leur avait dit, aux deux Brown qui piaillaient dans leur coin. Polly se disait parfois que le garde-du-corps devait avoir des envies de suicide, à traîner tous les jours que Dieu faisait avec la mère et la fille les plus bavardes du Nevada – mais c'était comme ça, il avait voulu se les coltiner alors il devait assumer. Et il le faisait avec brio, ceci dit, jamais un mot plus haut que l'autre. Jamais le moindre haussement de sourcils. Il prenait sur lui, sans doute. Mais il pensait la gosse bien idiote s'il imaginait qu'elle ne remarquerait pas les regards qu'il lançait à sa mère – et ça lui plaisait, à Polly, de savoir qu'un homme aimait suffisamment Jemma pour accepter le duo redoutable qu'elles formaient. Elle n'était pas aveugle Polly – elle remarquait ce genre de petit détail, et appréciait tout bonnement l'ours qu'était Oliver. Elle l'aimait bien, ce type, elle n'allait pas lui planter un couteau dans le dos. Elle était une observatrice silencieuse, et bienfaisante. Il n'y avait pas une once de couardise chez elle et personne n'était plus susceptible d'être heureuse qu'elle face à une telle situation. Elle oubliait, aussi étrange que cela puisse paraître, elle oubliait parfois la situation dans laquelle ils se trouvaient. C'était comme si un écran imperméable, un voile opaque, cachait ses mirettes et l'empêchait de considérer le monde tel qu'il l'était réellement. Il n'y avait plus rien de beau chez les gens, même si elle s'évertuait à croire le contraire. Elle fermait les yeux alors, et faisait preuve d'une imagination débordante. Elle ne voulait pas de cet univers fait de morts, de foutus rôdeurs – et peu, si peu d'individus prêts à tendre la main. Alors elle imaginait que si ; que tout n'était pas perdu, que cela ne tenait qu'à eux de faire preuve d'un peu d'humanité. Elle ne se sentait pas ridicule pour autant, au contraire. Elle se plaisait dans cette bulle faite d'optimisme et d'idiotie profonde. Elle reculait seulement pour mieux sauter, cachée derrière sa mère qui tordait le cou à tous ces méchants cauchemars qui l'assaillaient. Et Jemma – la belle, la fière Jemma – combattait pour la protéger. Aussi bien physiquement que dans ses rêves. L'enfer aurait été un lieu sombre et étroit, sans sa mère. Mais n'était-ce pas finalement faire preuve d'une connerie monstre que de se raccrocher aux vivants ? Que de se loger dans les bras d'une personne susceptible de mourir quelques instants plus tard ? Pause. On r'prend.

Ainsi, les Brown se trouvaient encore au sein du camp de fortune qu'ils avaient installé quelques soirs auparavant. C'était bien la première fois qu'ils restaient au même endroit aussi longtemps – d'habitude, ils bougeait sans arrêt (malgré les plaintes répétées de Polly qui consistaient à souligner l'inconfort de ses chaussures). Mais cette fois-ci, les rôdeurs ne semblaient pas spécialement présents. C'était rare, mais agréable. Quelque chose dont Polly préférait ne jamais rouspéter après. Ils avaient comme d'habitude posé du fil barbelé autour de leur petit cercle intime et Oliver s'était glissé en dehors de la zone ; chasser, chasser, chasser qu'il disait. Il ramènerait certainement des écureuils petits comme tout, dont les os étaient à ronger et la chair à sucer. Dans une autre vie, Polly avait adoré les écureuils – lorsque sa mère et elle étaient parties en voyage à New-York, lorsqu'elle était plus jeune et impressionnable, elle en avait vu plein à Central Park. Elle n'en avait jamais vu autant à Carson, et avait toujours supposé que le Nevada n'était décemment pas l'Etat favori de ces bestioles. Et maintenant que son ventre en était toujours rempli, elle savait que son raisonnement avait été grandement erroné. Ew, honnêtement la nourriture était certainement ce qui lui manquait le plus. La question n'était pas seulement de manger à sa faim mais bien de prendre en mains cette habitude qu'était de tuer pour manger. Oliver ne l'avait pas encore invitée à prendre un fusil pour lui apprendre la vie, la vraie, mais tous les sens de Polly étaient en alerte alors elle supposait que le moment était plus proche qu'il n'y paraissait.

Assise sur le sol, adossé aux quelques sacs qu'ils transportaient, les jambes pliées et les bras tendus, elle s'abreuvait des potins qui la renvoyaient une année en arrière. Ce magazine – ce foutu magazine qu'elle se traînait partout, contre vents et marées. Le seul tas de papiers qui lui faisait se sentir un peu moins bizarre, un peu moins en danger. Elle n'en avait rien à carrer à présent des déboires amoureux des Kardashian ou de qui baisait avec qui ; mais c'était salutaire de savoir que ça avait pu l'intéresser à un moment donné dans sa vie de jeune adulte un peu délurée. C'était réconfortant de savoir qu'elle n'avait que vingt-deux ans et pouvait donc encore se permettre des préoccupations pour le moins désinvoltes. Elle leva brièvement les yeux. Sa mère traficotait elle-ne-savait-quoi dans son coin. « Dis-moi, tu l'aimes bien, Oliver ? » question purement rhétorique – elle connaissait la réponse, et espérait de ne pas entendre le moindre pieux mensonge de la part de sa glorieuse génitrice. Mais si c'était le cas, well. « il est... pas mal, je suppose, non ? Pour un vieux. » et merde. « je veux dire, pour un vieux de ton âge. » elle ferma les yeux, se mordit la lèvre inférieure à s'en faire saigner mais s'arrêta à temps lorsqu'elle sentit la douleur incendier ses lippes. C'était pas mieux, vraiment pas mieux. « non pas que tu sois vieille, maman, hein..mais tu vois c'que je veux dire. » lâcha-t-elle en rouvrant un œil, puis le deuxième. Elle battit des paupières, faussement innocente, avant de rabattre les pages de son magazine et de le remettre soigneusement dans son petit sac-à-dos, considérant sa mère de ses yeux ronds et verts. Une réponse, elle en attendait une. Et une belle. Une déclaration, peut-être même. Mais Polly connaissait Jemma comme si elle l'avait faite – quelle douce, douce ironie – et savait que sa mère était une bourrique qui refusait parfois d'accepter l'évidence.  
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Jemma Brown
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MessageSujet: Re: just to make my parents proud (jemma)   just to make my parents proud (jemma) EmptyDim 13 Nov - 1:58

and all I need is next to me.
polly brown & jemma brown
Here's another pity  And there's another chance. Try to learn a lesson  But you can't. If we can burn a city  In futures and in past, Without a change our lives will never last. Cause we're going fast. You can sit beside me when the world comes down,  If it doesn't matter then just turn around. We don't need our bags and we can just leave town. You can sit beside me when the world comes down.

Ils s’étaient embrassés. Oliver et elle, ils s’étaient embrassés. C’était l’apocalypse et Jemma elle avait l’impression d’être redevenue une gamine de seize ans qui venait d’expérimenter son premier baiser. Elle était idiote. Elle n’avait plus seize ans, mais plutôt quarante-quatre, elle avait déjà connu l’amour plus d’une fois, ou du moins des trucs qui pouvaient s’y apparenter, parce qu’elle n’avait pas été très douée pour garder ses relations bien longtemps. Sa vie, elle s’était toujours partager entre sa carrière et sa fille, en plus elle s’était toujours dit qu’elle pouvait réussir sa carrière sans avoir besoin d’un homme dans sa vie, elle avait été une femme se battant pour les droits des femmes après tout. Il était un peu tard maintenant pour y penser aux histoires d’amour. Dans un autre monde, ça aurait été possible, ce n’était pas parce qu’elle avait dépassé la quarantaine qu’elle était trop vieille pour quoi que ce soit. Elle était en pleine santé, elle était plutôt bien conservée pour son âge, la preuve étant que souvent, on lui donnait facilement dix ans de mois. Ouais, dans un monde normal, elle aurait pu se débrouiller pour trouver l’amour et être heureuse comme ça, si seulement ça avait été ce qu’elle avait cherché. Mais non, elle s’en fichait bien de tout ça à l’époque et maintenant évidemment, il était trop tard. Parce que le monde était plongé dans un chaos à nulle pareille et qu’elle doutait franchement qu’un jour, les choses redeviennent normale, elle était certaine alors Jemma, que le plus important aujourd’hui, c’était de se concentrer sur la survie et non pas sur les histoires d’amour qui pouvaient sortir de nulle part. Ce n’était même pas une histoire d’amour, c’était juste un baiser qui avait commencé à emballer le cœur de la pauvre femme complètement désespérée que l’apocalypse avait fait d’elle. Oliver, c’était pas le genre de type qui avait l’air de tomber amoureux facilement, il avait une histoire compliquée et il avait mieux à faire dans un monde pareil que de s’encombrer de ce genre d’histoire. Elle comptait sur lui Jemma, pour protéger Polly, plus que pour la protéger elle.

Polly, elle était plus importante que tout le reste. Polly, elle était sa raison de vivre, elle l’avait toujours été. La pauvre gamine avait eu le pire père de la planète, un type qu’elle avait cru aimer Jemma, mais qui avait cru bon, quand elle était tombée enceinte, de lui demander de choisir entre lui et le bébé ; parce que lui, il n’en voulait pas de ce bébé. Jemma, elle avait choisi l’enfant qui grandissait au fond de ses entrailles, sans même avoir besoin d’y réfléchir, parce qu’elle avait vite compris que cet enfant, c’était ce qu’elle voulait bien plus qu’un mec qui n’était pas fichu d’assumer les conséquences de ses actes. Elle avait accepté Polly, dès le moment qu’elle avait appris qu’elle était enceinte et évidemment, des fois, elle avait eu des doutes, elle s’était posé des questions, elle s’était demandé si elle serait à la hauteur du rôle de mère, alors qu’elle était encore étudiante, elle avait été toute seule, mais elle n’avait jamais laissé tomber, elle s’était accrochée et le jour où elle avait tenu sa fille dans ses bras pour la première fois, elle avait su Jemma, qu’elle avait fait le bon choix, un choix qu’elle n’avait jamais regretté, pas même une seconde, même pas quand Polly avait été adolescente et que parfois, elle lui avait donné du fil à retordre. Non, Polly, c’était la plus belle chose de sa vie, sa plus grande réussite, bien avant cette carrière dont pourtant elle était si fière. Pour Polly, elle donnerait sa vie sans avoir besoin d’y réfléchir bien longtemps. Au beau milieu de cette apocalypse, si y en avait une d’elles deux qui devait survivre, ce serait Polly. N’était-ce pas l’ordre naturel des choses après tout ? Les parents étaient voués à mourir avant leurs enfants, même dans ce monde tout pourris, envahi par les morts qui revenaient à la vie pour déambuler dans les rues, c’était une loi que Jemma ne voulait pas voir changer ; de toute façon sans Polly, elle n’éurait plus aucune raison de se battre pour continuer à survivre ; quel que soit l’état dans lequel était le monde, si y avait plus sa fille avec elle, il n’aurait forcément plus aucun intérêt.

Oui, y avait Oliver, y avait ce baiser, y avait cet espoir débile qui était en train de grandir dans son cœur, mais ce n’était pas pareil. Polly, c’était sa fille, c’était le centre de son univers, c’était toute sa vie. Sans elle plus rien n’aurait d’importance. Oliver, elle l’aimait bien, elle se sentait en sécurité avec lui, elle avait confiance en lui, c’était un type bien. Mais Polly, c’était Polly. La blonde, elle gardait un œil sur sa progéniture, là alors qu’Oliver était parti chasser. Parti ramener le dîner comme il disait. Pendant ce temps-là, Jemma et Polly étaient encore dans leur camp de fortune, pas grand-chose, juste un petit truc dans lequel ils étaient depuis quelques jours. Trop longtemps d’après Jemma. Elle avait l’impression, qu’il fallait toujours bouger, elle n’aimait pas l’idée de rester trop longtemps au même endroit, surtout dans un endroit comme ça où la sécurité ne régnait pas. Mais Oliver, il avait dit que ça irait et qu’ils avaient tous besoin de s’arrêter, alors elle voulait bien le croire, elle voulait bien s’arrêter un petit peu et prétendre être capable de se détendre. Ce n’était bien qu’une illusion, parce qu’elle n’était pas détendue. Assise dans son coin elle nettoyait soigneusement l’arme qu’Oliver lui avait confiée, fallait y faire attention, pour ne pas risquer qu’elle s’enraille au pire moment ; ou un truc comme ça, là aussi les propos venaient d’Oliver, pas d’elle. Elle fut surprise en entendant la voix de sa fille, encore plus quand elle comprit la question de cette dernière. Elle releva les yeux vers la rouquine, un sourcil arqué. « Non, en effet, je ne suis pas vieille. » A vingt-deux ans, elle avait dû elle-même considérer tous les quarantenaires comme des vieux, ou peut-être qu’elle s’était sentie plus proche d’eux que des gens de son âge, avec son bébé, cette nouvelle maturité qui lui venait de cette expérience. Qu’importait, elle n’était pas vieille. « Et puis Oliver, c’est un type sympa. » Elle haussa légèrement les épaules c’était la vérité. Il était sympa. Qu’est-ce qu’elle voulait qu’elle lui dise de plus ? Trop de trucs qu’elle ne pouvait pas révéler, des trucs qui ne pouvaient pas passer ses lèvres. Parce que même si elle n’était pas vieille, elle n’avait plus l’âge pour tout ça, plus le temps non plus dans un monde pareil. « Il l’a toujours été, même avant tout ça, on s’entendait bien tous les deux. Je lui ai toujours fait confiance. » Il avait travaillé pour elle après tout, il avait assuré sa sécurité, même si à l’époque, elle avait été beaucoup moins en danger. « Je suppose qu’il faut bien ça pour confier sa vie à quelqu’un. » Plus que ça même peut-être. Elle n’en savait trop rien Jemma, elle ne voulait pas savoir, de toute façon, c’était trop tard ; tout était terriblement trop tard à présent.




Dernière édition par Jemma Brown le Mar 6 Déc - 17:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: just to make my parents proud (jemma)   just to make my parents proud (jemma) EmptyJeu 24 Nov - 22:49



just to make my parents proud
Just a box of bones Lowered and marked with a stone In the north at the mountains feet, In the north to find some peace. Sing and dance like we were young, Scream all the joy in your lungs oh Half with a heavy heart But not with shocked feet. Oh passion, and oh passion. I must make more friends, They'll be hanging at my funeral Just to make my parents proud, Just to make my parents smile. Skin under crippled skies Tell the stories of most of our lives, We go alone but the past holds us here, We go alone but the past holds us here. Let's sing and dance and talk Of all the dumb things I was before, Half with a heavy heart Half to relieve my fault. ~ funeral, to kill a king.


Sa mère évitait habilement le sujet que Polly avait sagement jeté. Mais elle aurait pu lancer un caillou dans le lac, cela aurait fait le même effet ; Jemma ne s'ouvrait guère à propos de sa vie amoureuse, et c'était tout à son honneur. Elle avait toujours cherché à protéger sa fille d'un ennemi extérieur, d'hommes qu'elle voyait certainement de temps à autres – belle comme elle l'était, Polly doutait de la chasteté de sa génitrice. Elle aurait aimé imaginer sa mère, sage et drapée d'un voile à l'image d'une vierge, l'attendant chaque soir pieusement sous le regard d'un Jésus bienveillant. Ouais, si Jemma avait été une nonne, Polly n'aurait jamais eu à s’inquiéter de sa relation avec Oliver. Mais ce n'était pas une inquiétude à proprement dit ; au contraire, ce à quoi elle assistait lui donnait des papillons dans l'estomac, et l'espoir d'un renouveau tangible. Si sa mère parvenait à trouver l'amour au sein d'un monde dans lequel Polly n'avait aucune envie de faire sa vie, alors tout était humainement possible – Oliver avait l'air d'être un chic type, et si sa mère lui trouvait du charme, alors la gamine voulait savoir de quoi il en retournait exactement. Mais prendre des chemins détournés n'avait jamais fonctionné avec Jemma qui tournait en dérision tout ce que sa gosse pouvait lui dire. Jamais elle n'avouerait ce que Polly attendait, patiemment ou non. Jamais elle ne lui dévoilerait les secrets qu'elle partageait avec Oliver, jamais elle ne lui dirait explicitement ce qui se passait entre eux. C'était un fait contre lequel Polly ne pouvait lutter mais il était de son devoir – dans son imaginaire, du moins – de creuser, de fouiller, d'aller toujours plus loin dans la mesure du possible. Jemma pouvait l'arrêter comme bon lui semblait, cela ne refrénerait en rien l’attitude curieuse de sa fille. D'habitude, Polly observait et se contentait de garder le silence ; elle capturait les senteurs masculines, elle remarquait les chemises d'homme et était guidée vers l'idée que sa mère voyait quelqu'un. Elles n'en parlaient pas. C'était elles deux, un duo incassable face à un monde qui perdait de son sens. Les hommes qui allaient et venaient, vers l'une ou l'autre, ce n'était que des passagers qui descendaient du bus au prochain arrêt.

La situation était différente toutefois. Ils étaient trois. Le duo s'était peu à peu métamorphosé en quelque chose de bien plus intense ; sans le savoir, Oliver s'était porté volontaire pour les aider. Il avait mis le pied au milieu d'une famille dont les deux seules membres étaient soudées envers et contre tout ; adopter la mère, c'était se coltiner la fille. Et inversement. Elles n'étaient rien l'un sans l'autre, c'était la façon dont Polly avait toujours considéré leur relation. Et c'était idiot – à vingt-deux, on était plus dépendant d'sa mère. On lâchait le cocon, on arrêtait de passer le week-end à la maison, on arrêtait de mater des séries à la con sur le sofa en compagnie de sa daronne. On grandissait, on passait à autre chose, on profitait de la vie. L'alcool, le sexe, la jeunesse dont Polly avait profité – elle y avait goûté, à tout ça, mais rien n'avait le goût joyeux et rassurant de son enfance. Grandir était une perspective qui l'effrayait plus que ne l'attirait et elle se lovait volontiers dans les bras de Jemma dès qu'elle en avait l'occasion. Grandir, être une adulte. Dans ce monde, aujourd'hui, cela signifiait affronter des créatures qui n'avaient aucune raison d'être. Polly refusait de grandir, de prendre les choses en mains et de se lever. D'être celle qui prenait les décisions pour elle-même – elle refusait, elle tournait l'dos, elle les envoyait se faire foutre toutes ces responsabilités insensées. Elle était la p'tite fille à maman, elle était la petite gamine dans les jambes d'Oliver. Ca lui convenait comme ça. Mais, quelque part en elle entre la déraison et l'idiotie de cette jeunesse trop rapidement consumée, elle savait que cela ne pouvait pas éternellement durer. Un jour, sa mère ne serait plus là et la solitude lui ferait voir la vérité en face. C'était un moment qu'elle redoutait et qu'elle ne souhaitait pas voir arriver ; mais ses prières n'avaient pas le moindre effet sur le déroulement d'un sablier.

Polly roula des yeux, obstinée et pas décidée à lâcher le morceau si facilement. Forcément, Jemma sembla être focalisée sur le fait que sa propre fille – son sang et sa chair – la pensait vieille. Disons qu'elle était plus âgée que Polly (forcément, vous m'direz), il n'y avait aucun mal à ça. Et Polly n'avait jamais été particulièrement douée lorsqu'il s'agissait de s'exprimer de manière subtile et avantageuse. Sa mère ne lui avait pas transmis ses capacités qui lui avaient permis d'escalader les échelons jusqu'au prestigieux poste de gouverneur. Non, c'était passé à la trappe. « Oh please, arrête de me prendre pour un canard sauvage, c'est vraiment vexant. » lâcha-t-elle alors, vaguement déçue de la tournure que prenait la conversation. Ceci étant dit, sa déception n'était pas telle qu'elle souhaitait abandonner le sujet. Loin de là. « Je t'ai demandé si tu le trouvais pas mal – pas de me dire à quel point il est cool et digne de ta confiance. » Polly fronça les sourcils, faussement irritée. « Tu le trouves canon, oui ou non ? » elle aurait pu en ajouter des descriptifs qui pouvaient coller à un mec de son âge – baisable ne faisait pas partie du vocabulaire qu'elle employait avec sa mère, mais c'était très exactement ce à quoi elle pensait sur le moment. Elle appréciait Oliver, et songer que Jemma pouvait éventuellement désirer un mec de son gabarit lui donnait la nausée – mais cela la réconfortait aussi toujours plus, accrochée à de beaux idéaux que lui offrait sa mère sur un plateau d'argent. Polly essuya sa joue noire de crasse ; ils conservaient l'eau potable qu'ils avaient, et attendaient de tomber sur un oasis pour s'y plonger. Cela faisait quelques jours qu'elle n'avait pas eu l'occasion de se laver. Un soupir, une pensée qui fuit. C'était de ça dont Polly voulait s'échapper par l'intermédiaire bienfaiteur de sa mère.  
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Jemma Brown
Jemma Brown
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MessageSujet: Re: just to make my parents proud (jemma)   just to make my parents proud (jemma) EmptyMar 6 Déc - 17:39

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Les histoires d’amour de Jemma, elles étaient rares. Elle avait beau avoir dépassé la quarantaine, elle n’avait pas eu beaucoup de relations sérieuses dans sa vie. Elle avait toujours fait passer Polly et son boulot avant tout le reste. Est-ce qu’elle s’en portait mal Jemma ? Avant cette apocalypse, certainement pas. Là où ça avait été le plus compliqué souvent, c’était dans les traditions politiques qui semblaient établies par de véritable dinosaures, et où le mariage était presque primordiale pour avancer. Combien de fois est-ce qu’elle s’était entendue dire qu’elle ne réussirait jamais à faire carrière dans un monde pareil si elle n’avait pas de mari pour la soutenir ? Une belle connerie, elle n’avait pas besoin de ça Jemma. Elle n’avait jamais été mariée. Elle n’avait même pas passé l’étape des fiançailles. Elle avait eu des petits copains,  des histoires de passage dans sa vie, elle avait connu des coups d’un soir aussi, parce qu’elle ne cherchait pas l’engagement et que forcément elle avait des besoins. Des histoires courtes et qu’elle avait tenu à l’écart du reste de sa vie, parce que, bien évidemment, ça faisait tâche dans une carrière politique quand les médias s’emparaient des histoires de cul. Pourtant, Jemma avait bien tendance à penser que la politique ne dépendait pas de ce qui pouvait se passer dans son lit. Enfin, c’était comme ça et y avait rien qui aurait pu révolutionner le monde à ce point-là. Au moins, une apocalypse, peut-être bien que ça remettait les gens à leur place. Elle aurait préféré évidemment que les choses ne tournent pas comme ça, l’idée de se faire bouffer par les autres humains – ou ce qu’il en restait – c’était tout autant attirant que celle de se faire bouffer par une plante carnivore en suivant les traces d’Indiana Jones. Sauf que l’un incluait le monde entier, l’autre juste un débile qui se prendrait pour un aventurier. Le monde entier, c’était ça aujourd’hui qui se barrait royalement en couilles et peut-être bien qu’on pouvait se dire que l’espèce humaine l’avait mérité, après toute la merde qu’ils avaient fait sur cette planète.

Elle n’avait pas trop de mal à penser comme ça Jemma. Se dire que ça avait un sens, que c’était un genre de vengeance de la part de la planète et pourtant, elle n’avait pas été particulièrement écolo dans le passé. Raisonnable aurait-elle pu dire en tout cas. Assez pour trier un peu les déchets parce que bon c’était quand même pas compliqué de séparer les déchets alimentaire des emballages et du verre. Ou parce qu’elle conduisait autre chose qu’un gros 4x4 dont elle n’aurait pas eu l’utilité de toute façon. Au moins, donner une prétendue raison à l’apocalypse, ça rendait presque les choses plus faciles, au moins de temps en temps. Ça n’aidait pas à accepter les choses ni à oublier tout ce qui était perdu depuis le début de cet enfer ou même à ne pas avoir de regrets concernant tous les trucs qu’elle n’avait pas eu l’occasion de faire à l’époque où la vie avait été moins pourrie que ça. Peut-être qu’elle aurait bien aimé finalement se marier, et pas pour avoir du soutien pour mener à bien sa carrière politique. Non, parce que ça devait être bien de rencontrer quelqu’un avec qui on avait envie de passer le restant de ses jours, quelqu’un à qui on ferait parfaitement confiance ; quelqu’un à qui on confierait sa vie sans la moindre hésitation. C’était bizarre maintenant qu’elle y réfléchissait, de se dire qu’aujourd’hui, peut-être bien que ce quelqu’un, ça pouvait être Oliver. Parce qu’il lui semblait bien que le restant de ses jours était bien court à présent et qu’elle voulait être avec lui jusqu’au bout, parce qu’elle avait confiance en lui, un truc bien rare dans un monde comme celui-là. Elle lui avait déjà confié sa vie un certain nombre de fois, sans hésiter une seule seconde. Ils s’étaient embrassés en plus, alors qu’est-ce que ça voulait dire hein ? C’était une question qu’elle se posait maintenant, peut-être parce que Polly avait soulevé le truc, peut-être qu’elle y pensait déjà depuis un moment et que ce baiser, il la poussait à se poser encore plus de questions.

Elle ne savait pas trop Jemma. Ce qu’elle savait en revanche, c’était qu’elle n’avait jamais beaucoup parlé de ça avec Polly, même quand le monde allait bien. Pas que ça ait été un genre de sujet tabou dont il ne fallait pas parler, parce que ça faisait quand même partie de l’éducation tout ça. Mais parce que dans le fond, y avait jamais eu grand-chose à dire. Quand il type lui plaisait et qu’elle commençait à le fréquentait, elle disait à Polly qu’elle voyait quelqu’un, que peut-être il passerait à la maison un de ces quatre. Mais elle ne se souvenait pas d’avoir été un jour confrontée à ce genre de question. Et puis est-ce que c’était vraiment important vu la situation actuelle, ce qu’elle pouvait penser d’Oliver ? Ouais, peut-être que si elle avait toujours évité ce genre de question, c’était juste parce qu’elle n’avait jamais aimé y répondre, parce que c’était admettre un truc qui pouvait être flippant, surtout quand on ne savait pas si c’était réciproque ou pas. Elle haussa les épaules. « Oh, physiquement parlant alors ? » Encore une bonne opportunité d’essayer de nier l’évidence, celle qui était trop bien représentée par ce baiser qu’ils avaient échangé tous les deux. Elle demandait bien s’il était canon, donc beau, sexy, ce genre de trucs quoi. La blonde haussa les épaules. « Oui, je pense qu’on peut dire ça comme ça. Il est canon. » Elle s’en rendait peut-être compte un peu tard de ça. Fallait avouer qu’il était son employé quand, même à l’origine, avant tout ça, leur relation n’avait été que purement professionnelle. Mais peut-être que oui, à l’époque déjà, le regard de Jemma avait bien dû s’arrêter sur Oliver en se disant qu’il n’était pas mal. Peut-être que c’est à ce moment qu’elle aurait dû essayer de voir jusqu’où ils pouvaient aller tous les deux. « J’aurai peut-être dû l’inviter à boire un verre, avant que les choses prennent cette tournure. » Maintenant, évidemment qu’elle avait d’autres choses à penser et lui aussi d’ailleurs. Maintenant, forcément, c’était plus compliqué ; maintenant, tout avait un gout de c’était trop tard.
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