Avec les camps à proximité c’est normalement plutôt tranquille par ici, les rodeurs sont maintenus à distances par les différentes rondes organisées. Bien sûr il y a toujours certaines de ces saloperies qui passent à travers les mailles du filet et il faudrait être très naïf pour se croire totalement en sécurité. C’est bien pour ça que je ne dors jamais totalement sur mes deux oreilles, et que je me tape une sale tronche fatiguée… mais bon c’est un peu le lot de tous le monde, du moins de ceux qui comme moi ont décidé de ne pas rejoindre de camp. Pourtant on m’a proposé de le faire, notamment à Fernley. Ils m’ont l’air beaucoup plus ouverts que ceux de Fallon. En tout cas c’est l’impression que j’ai depuis que je suis là et que j’observe comment les choses se passent par ici. Je n’ai pas encore décidé si je vais rester ou non, la planque que je me suis trouvée est pas mal en comparaison à ce que j’ai pu avoir comme abri pendant mon voyage… et bien qu’il y ai dans le secteur des gens pas franchement fréquentables, j’ai fait quelques rencontres sympa et même retrouvé des anciens compagnons de route. Tous les chemins mènent à Fallon faut croire ! Et je crois bien que ces putains de rodeurs ont flairé le truc aussi ! Il y a deux jours j’ai entendu deux types parler, ils ont vu des rodeurs pas très loin dans le coin. Je suis plutôt du genre à ne croire que ce que je vois ou entends et là malheureusement je n’ai que peu de doute. Je vais tendre un piège a cette pourriture sur pieds et lui exploser la cervelle, y’a que ça pour s’en débarrasser. Armée j’abandonne ma planque en prenant soin de laisser en évidence des trucs qui pourraient attirer ce truc. De toute façon ils n’ont pas deux idées qui se suivent, ils sont binaires et s’il m’a repéré dans ma planque c’est le premier endroit où il va aller.
Je suis bien cachée à quelques mètres, un peu en contre haut histoire d’avoir la zone bien en vue. J’attends patiemment d’avoir l’opportunité de prendre le rodeur par surprise pendant qu’il fouille la zone à ma recherche. Mais les choses semblent ne pas vouloir se passer comme prévues. J’aperçois Evey s’approcher de ma planque comme une fleur, son habituel sourire aux lèvres qui donne toujours le change avec la trouille qu’elle doit ressentir d’être sortie du camp. Cette nana, que je ne connaissais absolument pas, m’a filé de la bouffe comme ça sans rien demander en échange alors que je venais de débarquer dans le coin, et il faut le dire je crevais la dalle. Elle est assez unique en son genre – pour pas dire totalement – normalement ça n’existe plus les gens comme elle. Cette jeune femme est même revenue me voir le lendemain pour me dépanner encore d’avantage et me rend visite de temps à autre. Ça lui fait prendre son courage à deux mains pour sortir de Fernley, c’est pas une téméraire Evey mais elle est cool. Enfin là elle est surtout dans la merde ! « Fuck ! » jurais-je en quittant mon poste d’observation alors que je la vois continuer d’avancer. Je glisse sur une pente sablonneuse en essayant de ne pas complètement me casser la gueule et cours en direction de ma planque, flingue à la main. J’accélère encore en entendant un cri. Putain elle va se faire bouffer ! Je vais m’en vouloir tout le reste de ma saleté de vie, ce qui reste un concept plus ou moins durable.
Evey est au sol, le rodeur se précipite sur elle et je n’ai pas le temps de réfléchir, je tire une fois et manque mon coup la balle se logeant dans l’épaule du rodeur. Ça a le mérite de l’avoir ralenti et me laisse le temps de lui en coller une autre en pleine tête arrosant les alentours de quelques bouts de cervelle. J’ai plus qu’à changer de planque… hors de question de crécher là maintenant que j’y ai dézingué un rodeur. Je me précipite vers Evey et remet l’aide à se relever « Evey ! Ça va ? » elle a eu la trouille de sa vie, est blanche comme un cachet d’aspirine et un peu éclaboussée de jus de rodeur mais elle n’a pas l’air blessée c’est l’essentiel. « Putain j’ai eu peur ! » dis-je en la serrant spontanément dans mes bras sous le coup de l’émotion. Je recule rapidement et l’observe attentivement pour être sûre qu’elle n’a vraiment rien. « Ce truc trainait dans le coin je voulais le piéger, j’avais pas pensé un instant que tu viendrais. ». J’affiche un air désolé « Je m’en serais salement voulue qu’il t’arrive un truc. » je soupire « Va falloir définir un planning de visite et à l’avenir je viendrai te chercher à la sortie de Fernley. ». Mon regard se pose alors sur l’arme à sa ceinture et j’arque un sourcil en relevant les yeux vers les siens « Pourquoi tu l’as pas utilisé ? » sans doute parce qu’elle ne sait pas s’en servir…