Avec tout ce bordel ambiant on ne peut plus vraiment vous reprocher de devenir opportuniste. Enfin si on peut, mais suffit de lever le majeur bien haut pour faire comprendre aux donneurs de leçons que le contexte est plus fort que le concept. Ça fait pas longtemps que je traine mes godasses poussiéreuses dans le coin mais j’ai vite capté qu’entre les deux principaux camps des environs ce n’est pas l’amour fou. C’est même carrément une guerre ouverte qui semble s’être déclarée et j’ai décidé de profiter de l’agitation pour faire quelques provisions. Avant ça n’aurait pas du tout été mon style de faire un truc comme ça… mais vu les circonstances, il n’y a plus de place pour ce genre de scrupules. J’ai mes propres limites quant à jusqu’où je suis prête à aller, mais là clairement aller faire un tour à Fallon histoire de ramasser des trucs utiles ça n’a rien d’exceptionnel. En compagnie de Tik et Tak, équipée de mon sac à dos je m’aventure à proximité du camp, repère une brèche que d’autres ont déjà du emprunter avant moi étant donné la bonne visibilité de cette dernière. Sur le coup je suis vigilante, faudrait pas que ça soit un foutu piège tendu par les habitants du camp. C’est étrange mais toute l’attention a l’air ailleurs, je perçois de l’agitation tout autour, ça m’oblige à être aux aguets, c’est plus ou moins devenue une seconde nature de toute façon.
A une centaines de mètres j’ai repéré un hangar, probablement une réserve. J’ai aussi bien vu les deux types qui restent plantés devant. Deux guets ennemis qui attendent que d’autres fassent leur marché, ou des gardes locaux chargés de veiller à ce que ce point stratégique ne soit pas pillé ? Difficile à dire, et après tout je m’en fous de qui il s’agit, mon but c’est d’entrer. Je me faufile jusqu’à l’arrière du bâtiment, si j’arrive à entrer sans qu’ils s’en aperçoivent j’ai une chance que ça passe inaperçu. Ils avaient l’air plus occupé à discuter que faire des rondes à vrai dire. Je cherche une faille, mais le bâtiment a l’air plutôt bien barricadé. Merde ! L’idée de me confronter aux deux types devant les portes ne me tente pas vraiment et j’ai pas non plus l’intention de faire marche arrière. Je cherche un plan, fait marcher mes méninges aussi vite que possible et puis la solution apparaît comme par magie. Bon ok elle ne vient absolument pas de moi… mais les deux mecs sont rejoints par un troisième qui réclame du renfort rapidement. Tout le petit monde se fait la malle et si j’avais été croyante un jour je remercierais presque le ciel. J’attends un peu, m’assure que la voie est libre et entre enfin dans le hangar, arme au poing au cas où il y aurait déjà de la visite là dedans.
Le désert, enfin si on exclu que cet endroit est ce qui se rapproche sans doute le plus de la caverne d’Ali Baba à notre époque. C’est un peu le bordel, ils ont entassés certains trucs rapidement. Je commence à fouiller, mes sens toujours en alerte au cas où quelqu’un débarquerait. Je ne prends que ce que je juge utile, je n’ai pas une place illimitée dans mon sac et je ne suis pas une pillarde de l’extrême. Je veux juste de quoi bouffer et boire quelques jours de plus, et me trouver un truc chaud pour la nuit parce que clairement je commence à me peler les miches certains jours. Un léger grincement me tire de mes recherches, je me planque derrière une malle et guette l’intrus qui marche lentement dans ma direction. Je crois que je l’ai déjà vu… pas ici, ailleurs. Un type avec qui j’avais marché quelques jours, il voyageait avec son frère. Je reste prudente mais sors de ma cachette « Toujours aussi futé Wheeler. » dis-je avec un léger sourire, gardant quand même mon arme en main, au cas où.